Il
y a des coïncidences si lourdes de significations et si riches en
bienfaits de toutes sortes pour l'humanité, qu'il faut y voir un signe
de la miséricorde divine . Il en est ainsi de la coïncidence qui existe
entre la date d'anniversaire de " Al Isrâ " (Le voyage nocturne) et du " Micraj
" (L'Ascension) et celle de la naissance de Serigne Mouhamadou Falilou
MBACKE (deuxième Khalife de Serigne Touba de 1945 à 1968). Entreprise
depuis une quarantaine d'années, la célébration de cet anniversaire,
auquel on a donné le nom de Kazu Rajab, a fini par prendre une ampleur
telle qu'aujourd'hui, elle déborde largement les frontières nationales.
Pour notre compréhension à tous, précisons tout de suite la
signification du vocable " Kazou Rajab ". Il est formé à
partir de l'équivalence de la valeur numérique des caractères arabes
qui servent à l'écrire : (kâf = 20 ; zâ = 7, soient 27) ce qui nous
amène à la 27ème nuit du 7ème mois lunaire du calendrier musulman (
Rajab). Fallou Awa Bousso ! Mbacké et Mboussobé de la régence
chérifienne qui a donné ses Imams à la grande mosquée de Touba, Cheikh
Mohamad Fadel Mbacké, devenu Serigne Fallou pour les fidèles, est un
guide de rêve. Chez ce fils et disciple de Bamba, tout est exceptionnel.
Sa naissance d’abord, le 27e jour du mois lunaire de Rajab, coïncide
avec l’anniversaire du voyage nocturne du Saint prophète Mouhammad
(PSL). Ce fut en 1305 de l'hégire du Prophète (PSL) soit 1887/88 de l'an romain
à Darou Salam. Pour son père Cheikh Ahmadou Bamba, cette naissance
était d’abord et surtout, un agrément du Seigneur, une infinie grâce
pour les musulmans, mais aussi pour les autres communautés. Grand érudit
dont l’éducation a été parfaite par son vénéré père, Serigne Fallou,
était également un excellent poète, doublé d’un calligraphe hors pair.
Voilà ce qui explique sans doute la quarantaine de copies du Coran à son
actif, dont les vingt-huit ont directement été offertes à Serigne Touba
sous forme de don pieux encore appelés « Adiyas ».
Historique de la célébration du Kazou Rajab
La
tradition de la célébration du Kazou Rajab, remonte aux années 60,
précisément à l’an 1963. Cette année-là, son anniversaire venu, Serigne
Fallou quitta Touba quelques temps avant le coucher du soleil pour se
rendre à Darou Salam son lieu de naissance, afin d’y passer la nuit en
prières. Le lendemain, au sortir de sa retraite, il se rendit au
domicile de son frère Serigne Affia NIANG.
L’accueil
fut chaleureux et empreint de piétés. On peut considérer, pour
l’histoire, que le premier repas qui a alors été servi, à l’occasion
d’une célébration du Kazou Rajab, a été préparé par Sokhna Asta Wâlo
NIANG, la mère de Serigne Abdourahmane BOUSSO. Pour donner à l’événement
un caractère festif, à la dimension de l’immense honneur que Serigne
Fallou venait de faire à Serigne Affia NIANG, on servit du thé, des
biscuits et autres friandises.
Il
faut préciser cependant que, pour cette première édition, tout se passa
dans la plus stricte intimité familiale. Seuls participaient à la fête
Serigne Affia NIANG, Serigne Abdou Rahmane BOUSSO, Serigne Abdou Chakor.
Serigne
Affia Niang eut ce jour là, le grand bonheur de recevoir, en guise de "
barkélou " (objet servant à attirer la bénédiction) les habits que
Serigne Fallou avait portés pendant sa nuit de prières à Darou Salam.
Voici, en quelques mots, le déroulement de la toute première édition de
la célébration, faite par Serigne Fallou lui-même.
Trois
années durant, on consacra la même formule de célébration. On
l’appelait alors " ngan gui " c’est à dire réception d’un hôte de
marque. Et chaque fois, c’était la même ambiance festive dans le même
cadre strictement familial. A l’évidence, une telle " discrétion " de la
célébration ne pouvait pas perdurer car l’événement commençait à avoir
un certain retentissement parmi les disciples.
Lorsque
Serigne Affia fut rappelé à Dieu après avoir vécu trois éditions du
Kazou Rajab, Serigne Fallou maintient la tradition de se rendre dans
cette famille chaque fois qu’il sortait de sa retraite à Darou Salam.
Cette année là, on fut obligé de dresser une tente, richement pavoisée
de drapeaux, devant le domicile de la famille de Serigne Affia.
L’événement avait pris une ampleur et une solennité telles qu’on déroula
sous les pas de Serigne Fallou un tapis d’honneur fait de pagnes
traditionnels, depuis la Route " 28 " jusqu’à la résidence de la famille
NIANG.
Cette
année, marque réellement une rupture dans le cérémonial de la
célébration. Les autorités du mouridisme commencent à participer aux
festivités. A cette occasion, Serigne Fallou fut accompagné d’une
délégation de dignitaires religieux avec au moins quelques 28 voitures.
Il y avait, entre autres, Serigne Modou Khary NIANG, Serigne Modou Faty
Khary et quelques membres de sa propre famille comme Serigne Modou
Bousso Dieng et Serigne Mouhamadou Lamine Bara MBACKE (Que Dieu augmente
leurs lumières). Il y avait également beaucoup de talibés. El Hadji
Modou Mamoune NIANG, fils de Serigne Affia NIANG prononça une brillante
allocution.
C’est
ainsi que, de 1965 à 1968, se déroulèrent les choses qui prirent
d’ailleurs tellement d’ampleur que Radio Sénégal prit l’habitude de leur
consacrer des reportages très élaborés. Serigne Fallou vécut sa
dernière célébration en 1968, c’était un vendredi. Serigne Modou Mamoune
NIANG, à son habitude prononça une allocution très fouillée. Il eut à
dire à Serigne Fallou : " Nous savons que la visite que vous nous
accordez, à notre domicile, est une faveur immérité. Voilà pourquoi, à
l’occasion, nous mobilisons tout ce dont nous disposons en plus de nos
familles, de nos condisciples, de nos parents, et nous serions allés
bien au-delà de tout cela si c’était possible, pour essayer d’être à la
hauteur de cette marque d’honneur . " En réponse à cette allocution,
Serigne Fallou expliqua ce jour là, le sens et les motivations de la
célébration du Kazu Rajab.
SENS DE LA CÉLÉBRATION
En réalité, ce jour a vu l’accomplissement de deux événements majeurs dans l’histoire de la religion que Dieu a choisi pour les hommes. Ce sont des miracles auxquels il a plu à Dieu de recourir pour descendre sa miséricorde sur l’humanité. Il y a eu d’abord " Al Isrâ " (Le voyage nocturne) par lequel Seydina Mouhamed (P.S.L.) a été transporté à Jérusalem. Ensuite "Al Micraj " (L’Ascension) ou la traversée des Sept Cieux pour arriver à la proximité du Trône du Maître des Mondes afin de recevoir des recommandations divines concernant les dogmes et bases de sa Religion. Tous ces événements ont eu lieu cette nuit là.
En
s’adressant à Serigne Modou Mamoune NIANG, Serigne Fallou aborda le
sens sens de la célébration par ces termes : " Je sais que ce jour vous
tient beaucoup à cœur. Je vais donc vous expliquer ce qu’est sa
signification profonde et, par conséquent, les motivations qui m’ont
conduit à le prendre en considération, afin que vous puissiez maîtriser
les modalités de sa célébration. Dans Sa grande miséricorde, Dieu m’a
accordé une grâce infinie ; Il a fait coïncider ma naissance avec la
date anniversaire de ces événements miraculeux. En effet il a plu à
notre Seigneur que je sois né un vendredi, 27ème jour du mois lunaire de
Rajab, de l’an 1306 de l’Hégire (1886) Ce jour est donc pour moi un
prétexte de rendre grâces à Dieu et d’exprimer ma reconnaissance à
l’endroit de Cheikhoul Khadim pour l’agrément que, des Deux, j’ai
obtenu. Depuis, j’ai pris l’habitude, chaque fois qu’arrive mon
anniversaire, de me rendre à Darou Salam, où je suis né, afin de m’y
consacrer, toute la nuit durant, à la lecture du Coran et des
Panégyriques du Prophète (P.S.L.), en guise de témoignage de grâces au
Cheikh. Pourquoi dès ma sortie de ma retraite je viens ici, chez Serigne
Affia ? C’est pour réaffirmer et raffermir les liens de fraternité qui
me lient à cette maison où vécut ma mère Sokhna Awa BOUSSO ".
Après
cette mise au point, Serigne Modou Mamoune NIANG, au nom de toute la
famille, prit l’engagement de perpétuer cette célébration, tant qu’il
restera en vie. Serigne Fallou fut rappelé à DIEU cette même année mais
pendant les deux ans qui suivirent, fidèle à sa parole, Serigne Modou
Mamoune NIANG s’employa à donner à la célébration du Kazou Rajab l’éclat
qui lui convient. Et à chaque fois, Serigne Modou Bousso DIENG qui
assurait le Khalifat de Serigne Fallou lui a apporté soutien et
assistance par sa présence effective en compagnie de nombreux talibés et
d’autorités religieuses.
Depuis
lors tous les Khalifes de Serigne Mouhamadou Fadel ont veillé à la
célébration du KAZU RAJAB. Serigne Mouhamadou Lamine Bara s’y était
toujours consacré jusqu’à son accession au magistère suprême du
Mouridisme. Puisse Dieu lui augmenter ses lumières et accorder longue
vie à son successeur en l'occurrence Serigne Abo Falilou MBACKE.
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